1ère expérience de l'autonomie : 3.5 jours à pied dans le 44 : Guenrouët

il y a un an et demi un partie de la team Caval'Breizh faisait ses premiers pas en autonomie.
Retour sur une expérience qui fera naître en nous des idées de voyages bien plus conséquents !

Jour 0 : Mercredi

Ce matin, c’est le grand matin. Il faut se lever, se préparer, faire les dernières courses, charger la voiture, le van… Ca y est, c’est le grand jour, C’est bizarre, mais nous ne somme ni l’une ni l’autre angoissées ou surexcitées comme nous le pensions. Les préparatifs et la route permettent un temps de réflexion qui fait du bien, qui permet de mettre en ordre les diverses pensées. Claire passe le périph de Nantes en van, dont le grand pont de Cheviré, et franchement, ça c’est STRESSANT!!!

Nous nous étions donné rendez vous au centre équestre Horselou à Guenrouët (prononcer [guinrouette], sinon, vous passez pour les touristes de base: par exemple, on croise des locaux qui s'intéressent à notre périple: vous êtes partis d’où? A nous de répondre: de GueNrouet. Et à eux de répondre, Ah vous n’êtes pas du coin vous!) pour poser les vans (Merci au propriétaire pour la place de parking à l’abri des mauvaises visites!), organiser nos paquetages et enfin partir.

Diane est arrivée bien tôt (moins de route et tellement prête qu’elle est partie à l’avance!) et a donc attendu Claire en faisant brouter MJ le long des bordures de champs, occupées par d’immenses étalons Shire! En effet, le club est aussi un des deux seuls élevages français de Shire et de drumhorse. Le drumhorse est un croisement entre une jument Shire et un étalon Gispy/Irish cob.

Le Drum horse a été nommé d’après l’emploi qu’il occupe. Il est chargé par la Garde Royale de la Reine d’Angleterre de transporter durant les parades 2 énormes tambours ainsi que son cavalier et ce , sur son dos, ce qui avoisine les 350lbs( env 160kg) !!! Le cavalier du Drum Horse doit diriger son cheval juste avec les rênes attachées aux pieds, puisque ses bras sont occupés par le tambour, ce qui exige donc au cheval beaucoup d’attention, d’obéissance et de patience.Le croisement permet de combiner la carrure imposante et le gros gabarit du Clyde ou du Shire avec les exceptionnels fanons et crins du gypsy ainsi que sa couleur et sa douceur de caractère. Ces 3 races ont en commun leur mental très stable et calme.Trois uniques moyens d'obtenir un vrai Drum horse : croiser deux Drum Horses, trouver un Gypsy de grande taille ( supérieure à 16 mains ce qui est très rare), ou croiser un Gypsy avec un Clydesdale (ou avec un Shire) .Le vrai Drum horse est très rare, un poignée seulement en Amérique du Nord, d'où son prix élevé.La race n'est pas impure et les gitans ont utilisés la même génétique que celle du gypsy, tout en lui donnant une taille plus imposante et donc encore plus de puissance.”
http://pinevalleyclydesdale.fr.gd/Drum-Horse-d--%C0-propos----About.htm.Le gérant du CE nous expliquait qu’il faut que les juments acceptent d’être chevauchées par un étalon Gispy, et sur 4 poulains qui naissent, seulement 1 ou 2 vont survivre (tellement les poulains sont gros d’après ce que nous avons comprit).

Une fois réunies nous avons commencé par pique-niquer au pied du rond de longe dans lequel nous avions mis les jument pour qu’elles fassent connaissance. Verdict : elles ont roupillé chacune au soleil à chaque bout du rond, aucun intérêt l’une pour l’autre, pourtant il va bien falloir qu’elles se supportent toute la semaine!



La mise en commun du matériel est un peu épique et nous ferai presque peur! “On part vraiment avec tout ça?!”



“alors tu as un seau, ok je laisse le mien, en plus je n’ai pas vérifié, mais il a été bouffé par les souris, ça ne va pas être pratique, vaut mieux qu’on prenne le tien”, un dentifrice, ok…”-“Tu as le GPS”-”oui oui”-”Tu as mis le tracé dessus?”-”heu je crois”En fait non, Claire a oublié de mettre le tracé sur le GPS…! Heureusement on a le tracé fourni gentiment par le CDTE 44 sur papier !

Une fois tout le matériel mis en commun et à peu près réparti par catégorie, on commence à le répartir dans les sacoches, qu’on pèsera méticuleusement (on estime qu'il faut moins de 500g d'écart entre deux sacoches pour qu'elles restent bien équilibrées sur le cheval et ne le blessent en tournant)



Après l’aspect matériel, on passe à la préparation des bourriques, le changement de poil est un poil (ahah) emmerdant, on en mange pas mal, et Pastelle deviendrait presque blanche avec les poils qu’MJ perd…! On charge donc nos animaux de bât comme il se doit.



Pastelle à donc une paire de fonte et deux sacoches sentier (9-10 kg chacune), dont une qui est fixée sur le pont à l’arrière de la selle ROC. En travers des deux côtés et sur les sacoches, les deux poches en jean avec 4 piquets de rando dans chaque.



MJ elle n’a pas de selle de rando elle est donc moins chargée (faute d’accroches efficaces) : une paire de fonte, une paire de sacoche sentier (les plus lourdes) et un boudin avec les deux duvets.



Il est 16h30 et enfin tout est installé, nous sommes la depuis 12h30 , il est temps d’y aller avant que le gérant du CE croit que nous nous installions !! En même temps, il nous fallait bien ce  temps pour que l’on puisse s’accorder après cette préparation à distance.



Pour cette fin de journée, une toute petite étape de 4.3km (oui le GPS sert au moins à ça!) qui est en fait une recherche de Bivouac le long du canal. La présidente du CDTE 44 nous avait indiqué une zone ou potentiellement on pourrait camper, nous nous dirigeons donc vaillamment vers le canal de Nantes à Brest. Vers 17h 30 nous trouvons un chemin en cul de sac non loin de canal et surtout plein d’herbe. C’est décidé ce sera notre premier bivouac.



Nous commençons à poser les affaire en réfléchissant comment monter le paddock, les piquets comme ça etc... et là…. c’est le drame en un coup d’oeil entre nous, nous comprenons : “le fil de clôture est resté dans le van!!” Comme le dicton le dit si bien “quand on a pas de tête il faut avoir des jambes”, Diane se dévoue donc pour faire le trajet (1km de canal et 3 km de route, un peu moins d’une heure aller...) en sens inverse pour aller chercher notre précieux sésame. (à aucun moment nous n’avons pensé utiliser les juments pour aller plus vite.. Nous étions vraiment en mode “piétonne”)

Elle avait bon espoir de se faire prendre en stop pour limiter le km à pied. Elle est partie assez confiante. Après quelques voitures passant sans même un regard elle a  l’illumination de retirer sa casquette et ses lunettes roses pour faire moins peur … Finalement un gentil retraité s’arrêtera et la conduira sur l’aller-retour en ville, un immense merci à lui !

Une fois de retour Claire avait quasiment fini d’installer le campement (histoire de ne pas culpabiliser de ne pas avoir proposé d’aller cherche le fil!), les juments broutant en liberté autour. Après cette petite galère (oui petite, car on aurait pu avoir un gros problème sur les 4 premiers kilomètres, et finalement, on ne s’en sort pas si mal), on s’autorise une petite pause saucisson- pom’pote  sur les vetbed (tapis des juments), face à la campagne verdoyante de cette saison et le soleil qui commence à décliner. Il n’y a pas de doute, nous sommes mieux ici que nul part ailleurs et ce bivouac sera finalement une franche réussite : réchaud à bois impeccable, jument très sages dans leur paddock, vet bed très bien en tapis de sol (bien isolant)....












Jour 1 : Mercredi de Guenrouët à … Guenrouët en passant par le sud

Nous pensions nous “ennuyer “ un peu, avoir quelques temps morts, mais ce n’a pas du tout été le cas. Alors à 22h30, nos “lits” nous accueille avec un plaisir non feint Wink Le réveil ne sonnera pas avant 9 heures, le repos des guerrières, c’est important.

La nuit s’est bien passée, Vet-Bed, duvets 5 et 0°C et sacs à viande polaire ont été la bonne combinaison pour ne pas avoir froid. Les juments n’ont pas bougé, c’est tellement agréable de s’endormir avec leur bruits de mastication, de se rassurer régulièrement (surtout Diane disons le) dans la nuit grâce à leurs mouvements …. Par contre Pastelle est bruyante la nuit c’est étonnant : ébrouement, renaclement, éternuement, soupir et arrachage nerveux de l’herbe, grâce à elle on sait toujours que les juments sont là ! Et finalement, on peut reconnaître les mouvements des deux juments, pastelle arrache de l’herbe à chaque coup de dent, de façon assez brusque, tandis que MJ regroupe d’abord plusieurs touffes d’herbe dans sa bouche avant de la couper. On entend la différence! En tout cas, le matin, la paddock est nettoyé.

Par contre il semblerait que ce ne soit pas encore les plus grandes copines du monde …



Ce n’est pas tout d’observer les juments, mais notre quotidien nous attend, et il faut que nous trouvions nos marques. Afin qu’elles aient de la nouvelle belle herbe à casse-crouter, on ouvre leur parc en tendant simplement un fil en travers du chemin. Pastelle fait un peu la mijoré quand MJ s’approche d’elle, mais elles ont assez d’espace! S’en suit notre premier petit déjeuner. On met l’eau à chauffer, les flocons d’avoine, le lait en poudre, les graines… MERDE? LE SUCRE!! Bon, ben ça manque un peu de saveur, on rajoutera un peu (beaucoup) de lait en poudre et ça passe. Diane regarde quand même son assiette d’un mauvais oeil, ça nous apprendra! Le rangement du campement s'effectue dans le calme, c’est notre première expérience toutes les deux mais nous nous complétons bien, avançant tranquillement sans se marcher sur les pieds. Le pansage et l’installation de nos selles et des sacoches vient compléter la fin de notre préparation. Il faut peser à nouveau les sacoches pour s'assurer que depuis hier, ce soit encore équilibré. Mais le fil nous pose des soucis. Nous n’avions pas mesuré la longueur exacte qu’il nous fallait, dans notre aventure, on a prit toute la bobine (on sait, ce n’est pas très MUL ça, mais bon.. On fera mieux la prochaine fois!), on ne sait pas bien où la caser sans qu’elle déséquilibre le tout. Le décollage nous prendra malgré tout 2 h entre le lever et le véritable départ (oui il y a des faux départs, pause pipi, point carte, abreuver les juments dans le canal : avec un seau, on vous rassure!). Ce temps restera le même durant les 3 jours.




Notre itinéraire nous fait traverser le parc de Carheil, Forêt cossue parsemée de maison bourgeoises toutes plus élégantes et design les unes que les autres. Diane à eu une bonne inspiration de photographier le plan à l’entrée du parc, cela permettra de nous remettre sur les rails de notre itinéraire en consultant l’appareil photo (astuce à retenir pour les prochaines fois, toujours photographier les plans disponibles! en plus ça fait des souvenirs Smile )





Avant la pause de midi, MJ est dubitative devant ces bêtes rousses à grande cornes (Salers) qui protègent si bien leur petit veau.



Il est temps pour nous de trouver une aire d’accueil pour notre pique nique. Nous sommes dans un petit bois, une entrée de mini clairière s’offre à nous comme une opportunité à ne pas louper! Il s’agit en fait d’un accès à des ruches (abeilles que nous n’irons pas embêter et qui nous rendront la pareille).



La sieste c’est sacré ! Et les vet bed toujours prêts à servir happy



Durant notre pause un joli chevreuil viendra nous rendre visite de très prêt (quelques mètres), sans doute rassuré par notre calme et la présence des chevaux. Un instant précieux, un retour aux sources...

Nous retrouvons ensuite le chemins de halage pour quelques kilomètres. Nous y rencontrerons pas mal de retraités en balades “actives” qui s’enthousiasmeront tous pour notre aventure Smile







Retour aux sources pour Claire qui s’enthousiasme devant un troupeau de chèvre arrivant d’un bon pas vers nous ! MJ n’en fera aucun cas : la belle herbe verte est quand même vachement (ou chèvrement?) plus importante! Pastelle sera plus attentive : “qu’est ce que c’est que cette grande masse mouvante?” et fera même un crottin de stress.





Le soir arrive, nous rejoignons justement le halage après l’avoir quitter quelques heures avant. à l'affût d’un bon bivouac. Tout est question de respect de timing, du kilomètrage, de l’état de forme des chevaux et des piétonnes, mais également de trouver de l’espace pour les équidés. Diane aurait aimé que l’on s’arrête avant, quelques zones évoquant un bivouac de rêve, mais nous n’avons pas d’autre choix que de continuer pour respecter nos kilomètrages.Une zone de pique nique en bordure de halage nous tend les bras, vus les crottins et les traces, les cavaliers locaux ont l’habitude de s’arrêter ici ! Il reste cependant une grande zone d’herbe sous quelques arbres non pâturée qui pourrait nous accueillir. Après renseignement auprès du voisin le plus proche, il s’avère que ce terrain est communal et qu’il n’y a à priori aucun soucis pour le bivouac, une famille en roulotte se serait déjà arrêtée là il y a quelques jours !



Ce soir c’est donc grand confort, nous avons le canal pour l’eau et des tables pour manger ! Sans oublier le soleil qui ne nous quittera pas de la semaine !





Nous lançons notre petit réchaud pour le repas du soir, semoule et viande de grison. Nous nous rendons alors compte que nous avons également oublié le sel et le poivre. Nous avons donc mélange la charcuterie et les graines, ça améliore l’ordinaire!






Pendant ce temps là MJ regarde passer des (hypothétiques) péniches d’un autre temps dans la lumière du soir.

En effet, le canal de Nantes à Brest achevé en 1858 avait pour mission de désenclaver le centre Bretagne où peu de voies carrossables étaient disponibles pour l’acheminement de marchandises. Le canal a permis un développement notable de la filière de l’ardoise en Bretagne. Mais le développement du réseau ferroviaire, routier, ainsi que l’implantation du barrage qui donna naissance au Lac de Guerlédan (coupant ainsi du réseau des canaux une partie du Finistère) ont eu raison de l’utilisation de ce canal pour le frêt en 1942. Aujourd’hui, le canal a un attrait touristique notable, le halage comme le contre-halage offrent aux promeneurs, randonneurs, cycliste, cavaliers un cadre de balade idéal et diversifié.



Petit lavage de pied pour les marcheuses, ça fait un bien fou !



Une photo du Bivouac et au dodo pour une nuit qui va s’avérer… froide !!



Jour 2 : de Guenrouet aux buttes de Bernugat

3h30….4h30… Il fait froid… Tourne, Tourne, 5h30… Il fait toujours froid...7h30 (ah, deux heures de micro-sièste, ça se prend!)...8 heures, le réveil salvateur sonne enfin! Claire a eu froid malgré le duvet 5°C et le sac à viande polaire, mais Diane elle avec son duvet plume 0°C, la nuit fut douce et agréable. Ni une ni deux, Claire saute de son duvet pour s’habiller (en gardant bien sur les vêtements technique de la nuit dans un premier temps).

La tente est gelée et le vetbed en vrac, on comprend mieux pourquoi la moitié de l’équipe a eu froid…!





Comme tous les matins, les juments attendent patiemment qu’on se lève pour leur ouvrir un nouveau paddock avec de l’herbe! Le champs étant longiligne et cloturé ( ou du moins entourée de haies suffisamment dense) sur les deux longueurs, deux fils en travers nous permettent de leur laisser un grand espace, dans lequel se trouve notre campement. Ce dernier intéresse bien les juments, l’herbe sous la tente et sous les bâches de selle semblent être bien plus verte et goutue.



Pendant ce temps, Pastelle mange consciencieusement tous les petits chatons d’un arbre inconnu, le connaissez vous? (Du saule ?) En tout cas, elle en rafole!





Une fois la tente mise à sécher, les chaussures de Pastelle aussi etc…



Nous partons prendre notre petit dej. Diane fait déjà grise mine en pensant au Porrage sans sucre… C’était sans compter sur la maman de Claire, qui avait glissé des sachets de chocolat en poudre pour chocolat chaud dans les sacoches au dernier moment, l’effet est vraiment notable, le porage est vraiment meilleur!

En route nous croiserons un joli point de vue que l’on transformera en carte postale


Le long du canal, les hérons se trouvent à leurs aises et volent d’une rive à l’autre devant nous. Espèce ”en voie de disparition il y a encore peu de temps, ils sont aujourd’hui n ombreux et visibles. Petites, les parents exultaient à la vue de cet oiseau majestueux “regarde regarde: un héron!!!” et nous: “waaaaaaa, un héron”. Ce temps là est révolu, et ils font maintenant certains dégâts dans les étangs. Une chasseuse expliquait qu’à l’époque de la royauté, le héron était chasse et met de roi. Sa viande contenu essentiellement sur ses pectoraux serait rouge et filandreuse (et pas spécialement gouteuse!).



Nous avons fait la première aile de notre parcours en papillon, et sommes de retour à Genrouët pour attaquer la deuxième aile du papillon. Nous laissons donc derrière nous le port de plaisance de Genrouët, sous un soleil rayonnant. Nous laissons également derrière nous une crêperie qui nous faisait de l’oeil, mais il faut se rendre à l’évidence, ce n’est pas la bonne heure, et nous avons un timing à respecter. Bières et crêpes ne sont que partie remise.







Nous découvrons alors le contre-halage avec plaisir. Un petit chemin ombragé, sinueux entre les arbres.







Nous découvrons également que l’érosion de la berge (du aux phénomènes naturels, crues, etc…?) entraîne la chute des arbres les plus proches dans le canal.



Au détour d’un chemin, nous trouvons un coin d’ombre et d’herbe pour pique niquer, après avoir “débâté” les juments, un bon morceau de saucisson et de la semoule (et oui, encore…!), une petite sièste s’impose après la nuit froide pas forcément reposante (au moins pour Claire)



Le canal nous offre la possibilité de puiser de l’eau régulièrement pour les juments, d’ailleurs le plus souvent avec l’activité physique modérée et l’herbe de la nuit et du petit matin gorgée d’eau, les juments ignorent souvent nos efforts pour les faire boire, et ce, malgré le temps chaud.



Nous attaquons une petite boucle d’une dizaine de kilomètre qui doit nous mener aux buttes de Brenugat (là encore, ne pas le prononcer comme c’est écrit  mais “Bernugat”, nous en concluons que dans la région, soit ils ne savent pas écrire, soit ils ne savent pas lire…! Mais nous repartirons en parlant comme les autochtones). Avant d’attaquer les buttes, nous cherchons un endroit pour remplir nos bouteilles, la suite du parcours ne présente que très peu d’habitation. Nous rencontrons un papy à qui nous demandons ce service, il pense nous faire un immense plaisir en nous donnant deux bouteilles de 1L d’hépar… Nous avons beau essayer de dire que nous préférons remplir nos 4 bouteilles d’1L5 pour avoir assez d’eau pour le bivouac, il ne nous écoute pas vraiment. On repart donc avec 4 bouteilles vides et 2 bouteilles d’hépar, vous savez l’eau riche en magnésium, conseillée en cas de constipation…On ne se décourage pas on rencontre un super papy de 80 ans, diabétique et très acceuillant accompagné de sa chienne “pure labrador” (dont la mère était pure border collie… hum hum, cherchez l’erreur) et de son petit chiot de père inconnu, rencontre d’un soir de fugue au Cougou. Il échange volontiers sur son histoire avec les animaux, ceux de rente sur la ferme de son père, les chevaux de trait et les boeufs pour le travail des champs. Il nous dit bien, pas de coup en trop, de la douceur mais de la fermeté, sans jamais user de violence abusive. Un discours peu habituel chez des personnes de cet âge, les gens ayant travaillé dans les champs ne gardant pas forcément de bons souvenirs des chevaux de trait.

Nous réfléchissons à notre bivouac, il est 16 heures. Soit nous trouvons un bivouac sympa aux buttes de Bernougat, soit on avance vraiment pour rejoindre un bivouac 6-7 kilomètres plus loin. Nous verrons bien ce que nous trouverons en route.

Nous commençons par de grandes allées de remembrement pas très agréables et accueillantes. heureusement il est tôt  dans la saison et il ne fait pas chaud depuis longtemps, sinon, les taons et autres insectes désagréables ne se seraient pas privés de nous attaquer. Ce genre de chemins est propice à ce genre d’attaques non réglementaires!

Ces autoroutes campagnardes font place à de jolis chemins forestiers. La forêt de résineux que nous traversons est bien rangée, elle nous offre une ombre agréable.




Puis la cerise sur le gâteau, nous entamons la montée vers Bernugat. Nous sommes  intriguées, car, sur la carte, le long du chemin qui monte, il y a pleins de croix les unes à côté des autres, une allée de calvaires? Nous avons hâte de découvrir ce fameux chemin et de résoudre cette énigme.

Quelle déception… En bas du chemin, un jésus blanc, et en haut, un gros calvaire, et voilà! Elle est où notre allée de calvaire? Des petits vieux rencontrés en haut, nous apprennent que les calvaires ont été retirés, mais qu’il y a deux sources encore présentes à voir. Ils nous parlent également du lac de carrière qu’ils n’ont pas réussi à trouver. Nous voulons absolument le voir, alors il y a intérêt à le trouver!








MJ se fait toujours remarquer !



En chemin, nous croisons un couple de papy mamie avec leurs petits enfants qui nous indiquent le chemin du lac, et nous conseille de partir vers la droite du lac pour trouver un endroit où abreuver les chevaux. Il nous déconseille de camper là-bas, ça serait trop isolé.Quelques arbres ont poussé de façon étrange, signe de leur volonté de vivre coûte que coûte.



Et là… Peu de mots décrivent la vue qui nous est offerte. Entre tronc de résineux et ajonc en fleur, nous apercevons le flanc d’une petite falaise dans les tons orangés, une eau qui tire sur le turquoise et qui reflète l’orange du mur qui la borde. Il est 17h30, la lumière du soir donne directement sur la roche et donne  une luminosité particulière à l’ensemble. Nous sommes sous le charme de ce moment de grâce!



Passage technique, que pastelle remontera en liberté comme si de rien n'était : l'herbe devait être meilleure en haut !



Arrivées en bas du chemin et des escaliers, une esplanade d’herbe nous tend les bras, la vue et la luminosité sont magnifiques. Ce bivouac de rêve ne nous laisse pas le choix, nous devons nous arrêter là! Même s’il aurait fallu marcher 6 kilomètres de plus pour être bien dans notre timing, on se lèvera plus tôt demain matin.

Nous installons donc notre campement au pied du lac. Lieu très courtisé des locaux pour promener les chiens, pêcher, faire du motocross, du VTT, ce n’est pas vraiment le lieu isolé dont on nous avait parlé…! Les rencontres s'enchaînent jusqu’à presque 20h30! Après ce temps agréable de discussion, il est temps de prendre soin de nous: lavage de pied et du reste du corps, petite popote, un instant de plénitude.









Epouillage des tiques : nous en retirerons quelques uns chaque jour :




A chaque moment, nous nous félicitons de notre campement de rêve et nous couchons des étoiles dans les yeux et un réveil programmé à 7 heures… Plus ça va, plus on met le réveil tôt 9 heures, 8 heures, 7 heures… Rien ne va plus!

C’est déjà notre dernier bivouac… N’y pensons plus pour profiter pleinement de ces deniers moments.



Jour 3: Bernugat à Genrouët

bipbipbipbipbipbip. Il est 7 heures, et on serait bien restée plus longtemps dans la chaleur des duvets, même si cette nuit a été plus clémente que la précédente. Ce matin est sombre, comme nous sommes entourées de la forêt du mur du lac, la soleil ne nous atteint pas encore.L’herbe est parée de gouttelettes, pareil à une rivière de diamants (la photo est floue, c’est dommage car la vision était poétique!)



Nous nous installons face au lac pour prendre notre dernier petit déjeuner au réchaud. Il n’y a presque plus de lait en poudre, mais heureusement, il reste du chocolat en poudre pour sauver le petit dej




Au fur et à mesure du rangement du bivouac, le soleil se lève. Et Claire Bulle au lieu de ranger ! :p







Nous quittons ce bivouac rêvé en terminant le tour par la gauche. Ceci nous offre un autre point de vue, un peu sombre, mais pas moins beau. Sur l’herbe, loin là bas, notre bivouac







Une longue journée nous attend, et nous souhaitons pique niquer à Pont Miny, une écluse de charme dont beaucoup de promeneurs nous ont parlé et ils nous faut rejoindre ce soir nos amis qui nous ont invité pour un week-end monté autour de Saffré. Malgré les efforts nous mettrons nos deux heures réglementaires pour partir mais avec des tâches supplémentaires : ramassage des crottins (un sac poubelle en gant, un autre en seau et un joli tas planqué dans les sous bois), recherche d’une sardine perdue (et jamais retrouvée, RIP).

Les 6 premiers kilomètres sont plus que classiques après l’endroit superbe que nous venons de quitter. Nous ne regrettons pas d’avoir bivouaquer à Bernugat.



Les deux juments sont devenues vraiment proches (Pastelle en chaleur a su créer du lien avec MJ qui gentille vit dans un monde de bisounours où tout équidé est son ami, finalement assez bien assortie à la vision du monde de sa propriétaire Diane !) entre elles, mais aussi avec nous. Nous prenons plaisir à les voir évoluer, à évoluer avec elle, mieux les connaitre, mieux les appréhender. MJ fait donc sa petite vie derrière nous (s'arrêtant brouter les bas côté et rattrapant d’un grand pas lorsque la distance est trop grande), puis Pastelle (ralentissant discrètement où s'arrêtant franchement pour attendre sa copine qui batifole derrière), nous formons désormais un troupeau de 4 entités, accepté par tous.



Nous rejoignons le contre halage pour longer les marais qui se positionnent entre notre chemin et le canal, le panorama est superbe, mais les photos ne rendront rien.



Pastelle fera même office de camion poubelle, nous nous rendons compte, que le long du canal, même si ce n’est pas trop sale, il n’y a pas tant de poubelles publiques. Le triste constat est également fait des trop nombreux déchets qui polluent notre belle nature, nous en ramassons quelques uns.



Le printemps et le soleil sont bien là, les arbres fruitiers sont en fleur et parsèment la campagne de tâches blanches qui font le bonheur des abeilles comme des promeneurs!



Après un passage délicat et dangereux sur une départementale pour traverser l'isaac et le canal, nous arrivons à Pont Miny, on nous a tellement parlé, que nous sommes presque déçue du cadre mignon mais classique de l’écluse. Le plan: manger rapidement et terminer les 10 kilomètres de halage qui nous attendent le plus rapidement possible afin de ne pas arriver trop tard chez nos amis, il est 12h30, nous marchons depuis 9 heures, nous sommes dans les temps.



Oui, mais ça, c’est sans compter sur les rencontres que nous ferons lors de notre pause…Le premier est un petit papy cycliste qui nous questionne, on lui répond et proposons de se joindre à sa table. Bien mal nous en prit, il ouvrira alors un monologue “c’était mieux avant, les délinquants ne sont pas tous en prison, bien que par chez nous, ça va encore, les automobilistes sont des délinquants, Marine va remettre de l’ordre dans tout ça, en commençant par virer son père du parti, bla bla bla bla bla…” Nous écoutons d’une oreille distraite en disant "oui oui" de temps en temps. Et arrive la question fatale : ”Vous êtes célibataires sûrement ? ”Diane s’empresse de répondre “Ah non non, nous avons chacun notre copain respectif”, là ou Claire aurait aimer répondre “Ah non, nous sommes en couple ensemble”, histoire de provoquer ce pro-FN, nous en rigolerons plus tard ! Nous avons hâte de mettre un terme à cet entretien ennuyeux et intrusif.

Notre sauveur sera un bentrider. Mais quelle est cet  animal? En fait il s’agit d’un tricycle couché. Il cherche un endroit où manger le midi, l’occasion est trop belle, nous l’invitons à compléter notre trio malheureux.Nous le voyons alors sortir de sa remorque un réchaud ultra-technique, préparer sa portion sous vide, nous sommes fascinée! Plus de place au paroles vieillissantes de notre cycliste, nous l’assaillions de questions sur ces techniques de bivouac et il nous répond avec plaisir et nous explique également les défis qu’il relèvent depuis 3 ans, il roule pour des associations en faisant 1200 à 1300 kilomètres en 15 jours depuis Bordeaux (il a déjà fait la suisse, l’Italie, et cette année, il  rejoignait le Mont Saint Michel), avec une moyenne de 100 kilomètres par jour, nous sommes impressionnées!





N'hésitez pas à aller voir son site pour récupérer des astuces notamment culinaires, non content des plats sous vide à acheter, il déshydrate ses légumes, prépare ses pochettes sous vide par repas, fait ses barres de céréales, il y a quelques recettes et tests de matériel. bref, en fouillant, on trouve des informations très intéressantes: http://www.peripledunbentrideurs.com/

Il est 14 heures, notre pause rapide est un peu ratée… Nous nous remettons en route avec plusieurs faux départs, Diane a perdu son opinel en essayant le tricycle, elle retourne le chercher, une envie de pipi, faire boire les chevaux (qui ne nous snobent pas et se jettent sur le seau ! note pour plus tard : quand elles ont vraiment soif elles boivent, pas besoin de s’acharner en leur mettant le nez de force dans le seau), bref 20 minutes après, nous n’avons pas vraiment avancé.




Mais que fait Claire ?



Nous entamons alors les 10 derniers kilomètres de notre périple, qui seront sans doute les plus longs et les plus nostalgiques surtout ! Nous partons bille en tête “10km de halage jusqu’à Guenrouët” et ne vérifions même pas la carte, dommage le tracé prévoyais une petite excursion sur le GR qui nous aurait bien diverti !  Ce halage est une véritable autoroute à randonneurs surtout à vélo. Ainsi nous rencontrerons un baroudeur confirmé qui nous expliquera partir pour l’Ecosse en passant par le LEON (nord  Finistère) pour faire la fête avec un ami rencontré 2 ans plus tôt en Nouvelle Zélande. Après 10 minutes de discussion il nous donnera son adresse sur l’île d’oléron au cas où nous passerions par là. Malgré sa peur des chevaux il prodiguera une caresse sur le bout du nez de MJ (la grande gentille !).



Ensuite un autre cycliste beaucoup plus traditionnel avec sa remorque nous parlera de son périple (de Nantes à Brest sur le canal !). Il devait le faire avec son frère mais qui s’est débiné suite à un mois trop festif et du coup une condition physique douteuse !